Conjoncture économique mondiale octobre 2025 : entre ralentissement maîtrisé et tensions politiques
Croissance mondiale faible mais stable
La conjoncture économique mondiale d’octobre 2025 reste marquée par une croissance modérée mais résiliente. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB mondial devrait progresser de 3,2 % en 2025, avant de légèrement ralentir à 3,1 % en 2026. Les économies avancées connaissent une reprise fragile, avec une croissance moyenne attendue autour de 1,5 %. Ces prévisions ont été revues à la hausse par rapport à celles d’avril 2025, en raison d’une meilleure résistance de la consommation et des services. Cependant, le FMI souligne que les perspectives restent fragiles, affectées par les tensions géopolitiques, les aléas climatiques et la persistance d’instabilités politiques dans plusieurs régions. L’inflation, bien qu’en décélération, demeure au-dessus des cibles dans certaines zones, notamment aux États-Unis, où la demande intérieure soutenue continue d’alimenter les prix.
Zone euro : stabilité fragile et reprise hésitante
En zone euro, la situation économique reste contrastée. Après plusieurs trimestres d’ajustement monétaire, l’inflation a légèrement rebondi à 2,2 % en septembre 2025, contre 2,0 % en août, selon Eurostat. Malgré cette remontée, la dynamique des prix semble désormais maîtrisée, soutenant l’idée d’une stabilisation durable autour de la cible fixée par la Banque centrale européenne (BCE).
Sur le plan budgétaire, le déficit public agrégé de la zone euro s’établit à 2,7 % du PIB au deuxième trimestre 2025, un niveau encore supérieur à celui d’avant-crise. Les marchés anticipent donc un maintien des taux directeurs de la BCE autour de 2 %, dans l’attente de signaux plus clairs sur la reprise de la demande intérieure.
France : entre turbulences politiques et fragilité économique
La France illustre bien les tensions entre résilience économique et instabilité politique. Selon François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, l’incertitude politique actuelle coûterait environ 0,2 point de croissance au PIB national. Depuis la démission du gouvernement Lecornu le 6 octobre 2025, suivie d’une reconduction fragile quatre jours plus tard, la scène politique reste tendue. Ce climat d’instabilité pèse sur la confiance des ménages et des entreprises, retardant plusieurs réformes clés.
Dégradations de la note souveraine
Les agences de notation ont réagi à ce contexte.
S&P a abaissé la note de la France de AA– à A+, invoquant l’endettement croissant et l’instabilité politique.
Moody’s a, de son côté, maintenu la note à Aa3, mais a révisé la perspective de “stable” à “négative”, évoquant un risque de hausse de la pression fiscale et de défiance accrue des investisseurs.
Cette double alerte souligne la nécessité pour Paris de restaurer la crédibilité budgétaire et d’afficher une trajectoire claire de réduction de la dette publique.
Projet de loi de finances 2026 : sobriété budgétaire et arbitrages délicats
Présenté début octobre, le Projet de loi de finances (PLF) 2026 se veut à la fois prudent et stratégique. Le gouvernement vise un déficit public ramené à 4,1 % du PIB, contre 4,6 % en 2025, grâce à une modération des dépenses et à une meilleure efficacité de la dépense publique. Parmi les mesures phares :
Gel partiel des dépenses ministérielles, hors priorités éducatives et sécuritaires.
Poursuite de la baisse des impôts de production pour soutenir la compétitivité industrielle.
Renforcement du plan de transition énergétique, avec un investissement accru dans le logement durable et les énergies renouvelables.
Cependant, plusieurs économistes soulignent le caractère optimiste des hypothèses de croissance (1,4 % en 2026), compte tenu des incertitudes politiques et du ralentissement mondial. La question du partage de l’effort fiscal reste également sensible, dans un contexte où la dette publique frôle les 112 % du PIB.
La “Taxe Zucman” : un débat qui divise la France
L’un des sujets économiques les plus débattus de l’automne 2025 concerne la “Taxe Zucman”, du nom de l’économiste français Gabriel Zucman. Ce projet, soutenu par une partie de la gauche et certains syndicats européens, vise à instaurer une taxation minimale mondiale sur les grandes fortunes, estimées à plus de 1 milliard d’euros, afin de réduire l’évasion fiscale et les inégalités.
Les arguments pour : justice fiscale et efficacité économique
Les partisans de la taxe avancent plusieurs arguments :
Elle permettrait de rendre la fiscalité plus équitable en ciblant les ultra-riches.
Elle pourrait générer jusqu’à 250 milliards d’euros par an à l’échelle mondiale, selon les estimations du Laboratoire sur les inégalités mondiales.
Elle favoriserait la coopération internationale sur la fiscalité et réduirait les distorsions économiques.
Les arguments contre : risques de fuite des capitaux
Ses détracteurs, en revanche, craignent :
Une fuite massive des capitaux et des talents vers des juridictions non coopératives.
Une complexité administrative et des effets pervers sur l’investissement privé.
Une déstabilisation du marché financier français si la taxe est appliquée unilatéralement.
Le gouvernement français, pour l’heure, reste divisé sur la question. Le ministre de l’Économie prône la prudence, évoquant la nécessité d’un consensus européen, tandis que plusieurs députés de la majorité y voient un levier symbolique de justice sociale.
Perspectives et conclusion
La conjoncture économique mondiale d’octobre 2025 reflète un équilibre fragile entre résilience macroéconomique et vulnérabilités politiques. Si la croissance mondiale reste positive et que l’inflation se normalise, les tensions sociales, les incertitudes politiques et les débats fiscaux — à l’image de la Taxe Zucman — pourraient freiner les réformes à venir. La France, au cœur de ces dynamiques, devra conjuguer rigueur budgétaire, stabilité politique et innovation économique pour maintenir la confiance des marchés et des citoyens.